Les deux organisations syndicales ukrainiennes affiliées à la CSI appellent à résister à l’agression russe et à ce qu’ils dénoncent comme des forces d’occupation. Notons leur forte unité actuelle malgré une très légère différence de tonalité entre la FPU, principale organisation du pays, héritière du VTsSPS soviétique qui a toujours développé des relations fraternelles avec la Russie, qui proclame son aspiration au retour à la paix tout en appelant à la résistance et aux sanctions économiques, et la KVPU qui a très vite réagi . Le 24 février, la KVPU appelle ainsi « à continuer et renforcer la pression diplomatique et économique internationale sur la Fédération de Russie et à faire le maximum pour arrêter la guerre et forcer la Russie à retirer ses troupes du territoire de l’Ukraine ». Elle demande « d’imposer un ensemble de sanctions efficaces à la Fédération de Russie et appelle à prodiguer toute l’assistance possible à l’Ukraine ».
Voici le texte de la déclaration de la FPU publiée le jour du déclenchement de la guerre :
« Le 24 février 2022, le président de la Fédération de Russie a décidé de mener une opération militaire dite spéciale pour « protéger le Donbass ». Dans la matinée, la Russie a cyniquement envahi notre pays, déclenchant une guerre à grande échelle avec le bombardement de villes pacifiques et d’installations militaires. Hitler fit de même en 1941.
Nos forces armées combattent les troupes ennemies sur tous les fronts et leur infligent une réponse décente : des dizaines de chars et d’avions ont été détruits.
Il est déjà clair que le plan d’occupation rapide du pays dans le cadre du « scénario de Crimée » ne s’est pas concrétisé. Mais des soldats, des civils meurent, des enfants sont obligés de se cacher dans des abris anti-bombes. Des milliers de mères ukrainiennes avec des enfants tentent de traverser la frontière polonaise pour sauver leur vie. Des dizaines de milliers de travailleurs ont été contraints de quitter leur emploi pour défendre notre patrie.
La Fédération des syndicats d’Ukraine lance un appel à tous les travailleurs. Les membres des syndicats doivent rester calmes, ne pas céder à la panique, s’acquitter consciencieusement de leurs devoirs professionnels sur chaque lieu de travail, en assurant les besoins vitaux de la population.
La guerre déclenchée de manière injustifiée par le chef du Kremlin ne lui apportera pas la victoire sur le peuple ukrainien épris de liberté, qui s’est d’abord battu pour son indépendance et, l’ayant remportée, la défendra définitivement.
En cette période difficile, l’Ukraine a besoin du soutien urgent d’autres États et nations, notamment en organisant des rassemblements syndicaux devant les ambassades russes dans les pays où la Confédération syndicale internationale est organisée, en appelant ses gouvernements et ses politiciens à former une coalition anti-Poutine, et imposer immédiatement des sanctions sévères à la Russie et fournir un soutien défensif et financier à l’Ukraine.
La paix en Europe est menacée. Il n’est possible d’arrêter l’agresseur que par des efforts conjoints. Unis nous sommes invincibles !
NON À LA GUERRE ! OUI À LA PAIX ! »
La population ukrainienne manifeste unanimement l’hostilité à l’envahisseur. A l’abattement des deux premiers jours succède une résistance de plus en plus ouverte. Des dizaines de militants syndicaux, s’engagent dans les détachements populaires de la résistance.