Septième question : Que pensent et disent les syndicats russes et la population russe en général ?

La population russe est largement désinformée. Pour une grande majorité de la population, la guerre contre ce peuple frère est inconcevable. La télévision d’état et une armada de bloggeurs nationalistes sur Internet concentrent leur récit sur les combats se déroulant dans les « Républiques populaires » de l’Est de l’Ukraine comme s’il s’agissait juste d’une opération de protection des populations civiles de l’Est du pays. La majorité des russes n’est tout simplement pas au courant que leur pays a envahi l’ensemble de l’Ukraine en provoquant à ce jour plus de 2000 morts parmi les populations civiles, parmi lesquels des dizaines d’enfants et la destruction des infrastructures.

Le mouvement pour la paix prend néanmoins de l’ampleur. Les pétitions et les lettres ouvertes se multiplient. Une des pétitions citoyennes a par ailleurs déjà recueilli plus de 1 million de signatures. Deux élus communistes seulement (un au niveau local et un au niveau national) condamnent l’invasion. Ces deux élus sont aujourd’hui sommés de s’expliquer devant la direction du Parti communiste de la Fédération de Russie qui soutient l’intervention.

Les deux organisations russes se sont exprimées sur le sujet le jour même de l’invasion pour la FNPR et le lendemain pour la KTR.

La FNPR soutient sans condition le président Poutine en demandant juste d’être attentif à l’économie en cette période difficile. Leur déclaration reprend les arguments du discours poutinien de façon absolument scandaleuse, ce qui motive aujourd’hui une demande d’exclusion de la CSI de la part de dizaines d’organisations.

« La Fédération des syndicats indépendants de Russie soutient la décision du président russe Vladimir Poutine de mener une opération de dénazification de l’Ukraine. L’avenir du pays doit être déterminé par son peuple, mais les gangs de Bandera, les nationalistes et les complices des nazis ne doivent pas faire pression sur leur volonté. Nous sympathisons avec ceux qui ont été forcés d’évacuer vers le territoire russe à cause des bombardements réguliers et de la mort d’êtres chers. Les syndicats de Russie leur fournissent toute l’assistance possible. Nous pensons que la paix reviendra en Ukraine et que l’Ukraine deviendra un État démocratique, pacifique et neutre. Les Hitler et les Zelensky vont et viennent, mais la solidarité internationale des travailleurs demeure.

Paix aux nations ! Guerre aux nazis ! »

De son côté, la KTR a fait une déclaration particulièrement courageuse, compte tenu du contexte (plus de 3000 arrestations, vote d’une loi punissant la propagande pacifiste d’une réclusion criminelle de 20 ans) :

« La Confédération du travail de Russie, faisant partie du mouvement syndical international, se sentant directement responsable envers les travailleurs de Russie, d’Ukraine et du monde entier, et consciente de son rôle dans la promotion et la garantie de la paix entre les peuples, est extrêmement préoccupée par les événements en cours.

La KTR est convaincue que les désaccords et les contradictions, quelle que soit leur profondeur ou leur ancienneté, doivent être résolus par des négociations sur les principes de bonne volonté et d’engagement en faveur de la paix mondiale. Cette vision fait partie intégrante de l’agenda mondial et anti-guerre du mouvement ouvrier depuis plus d’un siècle et s’est concrétisée par la création d’institutions et de mécanismes internationaux conçus pour assurer la paix.

La Confédération du travail de Russie note avec amertume que les deux parties qui subissent directement les dommages du conflit militaire sont les travailleurs de nos pays. L’approfondissement du conflit militaire porte la menace d’un choc sévère pour les économies nationales et la sphère sociale, une baisse du niveau de vie des travailleurs et crée la base d’une violation massive des droits du travail des travailleurs.

En relation avec ce qui précède, la Confédération du travail de Russie exprime sa confiance dans la nécessité d’une cessation rapide des hostilités, de la reprise d’un dialogue pacifique et de la coexistence entre les peuples multinationaux de Russie et d’Ukraine. »

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