La CES et la CSI ont réagi ensemble par un communiqué dès jeudi dernier et ont pris la décision de transformer la mobilisation du jeudi 24 février pour les salaires en Europe en manifestation pour la paix. Dans cette déclaration commune, elles « appellent à la cessation immédiate des hostilités et du conflit et demandent d’engager des négociations de bonne foi pour résoudre cette crise dans l’intérêt des populations. (…)Le conflit actuel a des conséquences dramatiques sur les économies russe et ukrainienne, ainsi que partout ailleurs en Europe. Le risque d’une escalade des tensions et de leurs conséquences dramatiques est bien réel et le restera tant qu’un dialogue sérieux n’aura pas été engagé pour déterminer les causes profondes de cette crise. Elles demandent « instamment que des mesures urgentes soient prises pour que, tous ensemble, les responsables politiques concernés définissent un cadre pour la sécurité commune, à l’instar de celui initié à Helsinki ». Cette dernière phrase revient à mettre fin au cadre de l’OTAN (qui d’ailleurs n’est pas citée) et à lui en substituer un nouveau.
Le Comité exécutif de la CES, réuni de façon exceptionnelle le 1er mars 2022 sur la situation en Ukraine a adopté une nouvelle résolution qui « exprime sa solidarité avec le peuple, les travailleurs et les syndicats ukrainiens, réitère sa condamnation de l’attaque russe contre l’Ukraine, exige l’arrêt immédiat des opérations militaires, que les troupes russes quittent le pays, et que le dialogue réel et les pourparlers de paix soient intensifiés ». Le texte demande aussi « l’établissement de couloirs humanitaires en faveur des réfugiés, dans les pays de la région et dans tous les autres pays de l’UE, la reconnaissance de la situation spécifique des femmes et des enfants dans les zones de conflit (…) et l’établissement d’un passage sûr aux frontières de l’UE pour les citoyens de pays tiers résidant en Ukraine et ne disposant pas d’un visa Schengen ». Enfin, il prévoit un soutien humanitaire et financier à la population ukrainienne et aux syndicats du pays.
De son côté la FSM nous dit que « l’attaque russe doit cesser maintenant, l’OTAN doit être dissoute maintenant et un dialogue substantiel doit avoir lieu. ». Hormis la condamnation de cette « guerre injuste et destructrice », la responsabilité du gouvernement Poutine n’est pas engagée dans ce communiqué qui souligne que « La FSM était et reste opposée aux pratiques fascistes du gouvernement ukrainien qui est une marionnette des Etats-Unis et de l’OTAN».
Parmi les multiples réactions d’organisations syndicales nationales notons enfin celles de nos camarades du BKDP du Belarus du 24 février : « Il n’y a aucune nation dans le monde qui veut la guerre. Les peuples russe, ukrainien et biélorusse ne font pas exception. Peu de personnes dans le monde ont subi des pertes aussi terribles, sacrifié dans leur histoire la vie de dizaines de millions de leurs citoyens, comme trois peuples proches les uns des autres. Et le fait que le gouvernement russe ait déclenché une guerre contre l’Ukraine aujourd’hui ne peut être compris, justifié ou pardonné. Le fait que l’agresseur ait envahi l’Ukraine depuis le territoire du Bélarus avec le consentement des autorités bélarussiennes ne peut être ni justifié ni pardonné. Des choses irréparables se sont produites, et leurs conséquences pour longtemps, sur la vie de plusieurs générations, vont empoisonner les relations entre Russes, Ukrainiens et Biélorusses. Au nom des membres des syndicats indépendants de Biélorussie, les travailleurs de notre pays, nous nous inclinons devant vous, nos frères et sœurs ukrainiens. Nous nous excusons pour la honte, la honte que le gouvernement biélorusse a imposée à tous les Biélorusses, en devenant un allié de l’agresseur et en ouvrant la frontière avec l’Ukraine. Mais nous voulons vous assurer, chers Ukrainiens, que la grande majorité des Biélorusses, y compris les travailleurs, condamnent l’aventure du régime biélorusse actuel, qui tolère l’agression russe contre l’Ukraine. Nous exigeons la cessation immédiate des hostilités et le retrait des troupes russes d’Ukraine, ainsi que de Biélorussie. En cette période difficile du destin, nous déclarons que nous sommes avec vous de cœur et d’esprit, chers Ukrainiens. Nous vous souhaitons de persévérer et de gagner ».