Déclaration CGT lors de la rencontre avec le président Philippe Grosvalet

Le président du Conseil départemental avait émis le souhait d’un échange politique avec les organisations syndicales. Cette rencontre s’est déroulée le lundi 04 mai à 14h00 en visio-conférence. 

La CGT a été la seule organisation à faire une déclaration lors de cet échange.

Déclaration audio pour l’échange politique entre le Président du CD44 et les organisations syndicales.

Monsieur le Président,

Notre pays subit une crise sanitaire majeure imposant des mesures de prévention indispensables pour permettre, d’une part, de ralentir voire stopper la propagation du Covid-19 et, d’autre part, permettre à notre système de santé de prendre en charge, sans être saturé, les citoyens infectés par ce virus.

La gestion de cette crise par le gouvernement et la lenteur de sa réaction face à celleci interrogent les politiques publiques menées depuis des décennies que ce soit pour la santé, la recherche mais également celles concernant la désindustrialisation de notre pays et l’affaiblissement des services publics.

Ce qui est posé, ce sont les décisions politiques mises en œuvre et qui orientent les choix actuels de société, ainsi que les limites du capitalisme dont les intérêts sont fondamentalement contraires au développement humain durable.

À la sortie de crise, il viendra le temps de l’analyse, de la critique et de la construction d’alternatives pour exiger des choix politiques et sociétaux différents.

Alors que la pandémie n’est ni stabilisée ni stoppée, l’État annonce le 11 mai comme date probable du déconfinement dans un flou total.

Notre responsabilité syndicale est de veiller à ce que cette stratégie dictée essentiellement par des impératifs capitalistes ne se fasse pas au détriment des salariés et de leur santé, mais de manière progressive en s’assurant que toutes dispositions pour protéger la population soient prises sans stigmatisation et discrimination de certaines catégories de personnes.

En ce qui concerne notre Département, et dans la période de confinement que nous vivons tous actuellement, la CGT tient à saluer la bonne gestion de cette crise au regard d’autres collectivités, tant sur le plan de la prise en compte des intérêts particuliers des agents : : • Non-discrimination sur la position statutaire des agents : chacun étant considéré en position d’activité, avec maintien des droits à rémunération, à congés, à RTT, à tickets restaurants,

  • Assouplissement des règles de congés dans le respect des nécessités de service mais non recours à délibération pour faire appliquer l’ordonnance cynique du 16 mars 2020,
  • Réelle intention de sécurisation des agents dans leurs activités en présentiel,
  • Continuité d’un dialogue social soutenu avec les organisations syndicales.

Mais aussi par votre préoccupation constante à prendre en compte l’intérêt général de nos concitoyens dans le cadre de nos compétences départementales.

Comme vous l’avez salué, à l’instar de notre Directeur Général des Services, les agents du Département se sont largement mobilisés, surmontant leurs peurs légitimes, dans la réalisation des plans de continuité d’activité pour assurer leurs missions de service public, dépassant même le cadre de leurs missions principales pour se porter volontaires sur d’autres besoins que ce soit en interne, l’ouverture de l’internat éphémère au collège Victor Hugo par exemple, qu’à l’externe : particulière mobilisation dans les EPHAD, exemples non exclusifs de réponses à d’autres besoins.

Nous pouvons tous être fiers des résultats obtenus, et comme nous le rappelions au CT dématérialisé du 27 avril dernier, la CGT considère que nous sommes bien tous les maillons d’une même chaine dont la labilité du lien entre réalité et effectivité a largement été éprouvée pour assumer tous ensemble nos responsabilités et assurer l’exercice de nos missions de service public dans l’intérêt général des populations.

Pour autant, vous vous en doutiez, nous ne pouvons pas nous contenter de vos seuls remerciements sans nous confronter à la rigueur des réalités.

Il y a eu aussi des manquements et des dysfonctionnements même si l’Administration Générale a déployé tous ses efforts pour garantir un cadre d’activité conforme aux besoins de sécurité des agents dans l’exercice de leurs fonctions.

Il est indispensable d’y consacrer quelques mots pour que les retours d’expérience négatifs sur les organisations en PCA ne viennent se reproduire sur nos prochains plans de reprise d’activité. Sans aucune exhaustivité, quelques constats :

  • Le CHSCT et ses mandatés n’ont pas été informés des plan de continuité d’activité direction par direction, c’est un réel manque puisque des services dans certaines délégations prennent leurs propres directives pour décliner opérationnellement les PCA sans harmonisation départementale, ce qui suscite une réelle inégalité de traitement entre agents départementaux, et autorise une certaine opacité sur les décisions prises au territoire, sans contrôle systématique de la DGT, puisque pas forcément informée. Pour exemple, les 2 droits d’alerte exercés par la CGT sur le manque de protection des agents du centre d’intervention de Moisdon La Rivière semaine 17 et le constat réitéré de l’absence de masques pour les agents de la PMI en PCA à l’EDS Michelet la semaine dernière, alors que plus de 250 000 masques sont censés avoir été déployés depuis la semaine 16. Nous ne parlons même pas de l’attribution de masques périmés à des collègues puéricultrices dans certains PCA PMI, situation concrète du mercredi 22 avril à Saint-Nazaire !
  • En dépit de la publication du guide de recommandations des mesures de prévention et des fiches d’interventions, nous avons constaté qu’ils n’étaient pas systématiquement partagés entre les encadrants de proximité et les agents, d’où un réel risque de contamination encouru par certains agents.

Nous exigeons par conséquent que les prérogatives du CHSCT soient pleinement activées et que les mandatés soient systématiquement informés et consultés sur les prochains plans de reprise d’activité.

Sachez que pour la CGT, aucune reprise d’activité d’agents en présentiel ne sera acceptée sans garantie de la totale mise à disposition des moyens et équipements de protection et qu’à défaut, la CGT n’hésitera pas à faire valoir son droit d’alerte, immédiatement suivi d’un droit de retrait pour garantir la santé des agents ! Par exemple, pour les agents assurant un accueil physique, outre les protections individuelles (masques, gants, gel hydroalcoolique, lingettes désinfectantes), nous demandons que leur bureau ou guichet soient équipés de parois en « Plexiglas » ainsi que la mise en place d’un marquage au sol pour faire respecter la distanciation sociale.

En tout état de cause, la Fédération CGT des services publics a d’ores et déjà déposé un préavis de grève jusqu’au 30 mai 2020, si tant est que le droit de retrait serait contesté, et dans le seul but de permettre à un agent de s’extraire d’une situation dangereuse pour protéger sa vie.

À cette fin, nous exigeons une identification et un listing précis des missions essentielles devant être assurées en présentiel dans les prochaines semaines, sachant que vous reconnaissez vous-même, Monsieur le Président, dans votre communication avec la presse, la nécessité de revoir les organisations syndicales pour évoquer la question du télétravail. À ce sujet, nous vous demandons clairement d’annoncer des mesures de compensations financières pour les télétravailleurs qui assument depuis le début du confinement toutes les charges inhérentes au travail à domicile. Un moindre effort de la collectivité sur ce sujet serait apprécié …

Mais la CGT tient également à rebondir sur votre communiqué de presse du mardi 28 avril : Nous vous citons : « Pour ce qui est de l’éducation, par exemple, des interrogations pourtant essentielles pour la santé des enfants, des enseignants et des personnels administratifs et techniques demeurent sans réponse. Il aurait été plus sage et plus responsable de reporter la reprise de l’ensemble des établissements scolaires, sans faire de distinction entre enseignement élémentaire et secondaire à la rentrée de septembre »

Sans rentrer dans les détails au regard d’une absence totale d’informations de cadrage sur la réouverture des collèges et la réactivation des services de restaurations ou pas, en ce qui concerne la CGT, nous encouragerons et soutiendrons tous les collègues, tous les personnels qui refusent de reprendre le travail, chacun sachant pertinemment que les garanties de protection sanitaire ne pourront être totalement assurées.

Certes, il est possible que l’on vous objecte le pouvoir supérieur de l’État et la possible substitution du Préfet, mais quoi qu’il en soit, votre refus de réouverture serait un acte de responsabilité politique fort dans la lutte contre cette pandémie. La CGT vous demande solennellement de prendre une décision contre la réouverture des collèges !

Nous vous demandons également, au niveau national, d’appuyer notre revendication pour la reconnaissance en maladie professionnelle des atteintes du COVID 19 pour tous les agents territoriaux, et pas seulement les personnels de soins ou accompagnant les malades.

Plus spécifiquement et dans ce contexte de reprise d’activité qui nous demandera beaucoup de temps de concertation, dans ses principes de progressivité et d’adaptabilité comme expliqués par la Directrice Générale Ressources, la CGT vous alerte sur le calendrier et le contenu du dialogue social après la période de confinement. Rien ne pourra plus être comme avant ! •

Les négociations en cours sur le RIFSEEP apparaissent aujourd’hui totalement insensées en raison à la fois du piètre montant consacré à la négociation, 1,5 million d’euros, mais surtout des objectifs induits par la logique du dispositif, à savoir une survalorisation des fonctions managériales au détriment des métiers moins reconnus.

Or vous ne pouvez pas contester combien la crise du COVID 19 a dévoilé l’importance de ces travailleurs de l’ombre pour assurer la continuité des activités essentielles : les puéricultrices, les travailleurs sociaux, les agents des routes, les agents des collèges, les agents administratifs et bien d’autres. Nous pensons particulièrement aux assistantes familiales toujours en attente de réponse sur leur demande de compensation financière alors que leur temps de travail en présentiel avec les enfants a explosé.

Il va falloir changer de logiciel !

  • Le protocole égalité femmes/hommes ne pourra pas faire l’impasse d’un nécessaire budget dédié pour corriger les inégalités.
  • Les réorganisations en cours, le maillage territorial des routes par exemple, qui prévoit la fermeture d’une quinzaine de centres d’intervention, ne pourront plus servir de variables d’ajustement visant seulement, par soucis de rationalisation, à contraindre l’accès aux services publics sur le territoire départemental.
  • Le chantier sur le temps de travail, visant à passer à 1607 heures annuelles ne doit tout simplement pas s’amorcer ! La CGT milite pour la semaine de 32 heures, le partage des richesses, à commencer par celle de l’emploi accessible à tous et par le recrutement massif de fonctionnaires.

En conclusion, oui, nous avons aujourd’hui le pouvoir de construire le monde de demain pour qu’il soit le reflet de nos aspirations : un monde plus juste, durable et solidaire.

Plus jamais ça !

Nous ne laisserons pas faire les globalisateurs, les partisans d’un libéralisme encore plus échevelé, les fabricants d’un monde d’après qui sera encore pire que celui d’avant, contre nous, premiers de corvée. Nous ne laisserons pas les décisions se prendre sans nous et contre nous. Nous avons le pouvoir citoyen de faire changer un système qui est à bout de souffle.

La crise que nous traversons est un véritable révélateur de tout ce que nous dénonçons, depuis des années, à la CGT. Le néolibéralisme, en France et dans le monde, a approfondi les inégalités sociales et la crise du coronavirus s’abat notamment sur les plus précaires. Des soutiens financiers massifs devront être réorientés vers les services publics, dont la crise du coronavirus révèle de façon cruelle leur état désastreux.

La CGT appelle toutes les forces progressistes et humanistes à se regrouper pour reconstruire ensemble un futur écologique, féministe et social, en rupture totale avec les politiques destructives menées jusque-là et le désordre néolibéral.

Ensemble, nous construirons le jour d’après !

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