On l’oublie souvent, mais la réduction du temps de travail ne permet pas seulement de libérer du temps. Passer aux 32 heures permettrait de préserver son capital santé. Le point avec deux retraités, Lucien Mayen et Marie-Hélène Thomas.
La diminution du temps de travail répond à un besoin impérieux en termes d’emplois et est rendue possible par les progrès techniques et scientifiques.
Elle ne doit pas être revendiquée au seul niveau de la durée hebdomadaire, mais aussi à celui de l’ensemble de la durée de carrière.
Elle ne doit pas être envisagée principalement comme un coût, car elle ouvre aussi des possibilités d’amélioration du financement de la protection sociale et notamment de la retraite.
Elle doit s’inscrire dans une perspective évidente mais qu’il faut rappeler : la qualité de la vie à la retraite dépend étroitement de la qualité de la vie au travail.
La réforme Hollande des retraites du 21 janvier 2014 comporte une mesure dont la nocivité est cachée par la progressivité de sa mise en œuvre : l’augmentation de la durée de travail exigée pour une retraite à taux plein, jusqu’à 172 trimestres (43 années) pour la génération née en 1973 et les suivantes.
Conséquences : en moyenne, cette génération n’atteindra cette durée qu’à 65 ans et 3 mois !
Quant à son espérance de vie à la retraite, elle sera en moyenne de 21 ans et 9 mois, alors qu’elle est de plus de 23 ans pour la génération née en 1958. Quel progrès !
Travailler 32 heures par semaine, oui ! Mais au-delà de 65 ans pour la majorité des salariés, non !
Cet allongement de la durée exigée pour une retraite à taux plein est d’autant plus insupportable que l’on sait que beaucoup de salariés ont été éjectés de leur emploi bien avant leur possibilité de départ en retraite.
Il faut au contraire réduire cette durée pour ouvrir une vraie possibilité de retraite à partir de 60 ans comme le revendique la CGT.
Oui à la diminution du temps de travail par les deux bouts : durée hebdomadaire et durée totale de carrière.
La CGT a construit ses repères revendicatifs avec un souci constant de cohérence. Chaque mesure proposée pour améliorer le financement de la protection sociale, notamment celui des régimes de retraite, est construite avec un souci fondamental : favoriser, encourager l’emploi et valoriser le travail. Parce que toute amélioration de l’emploi apporte une amélioration des finances de la protection sociale et toute exigence de transformation des situations de travail est un acte de prévention donc de moindres dépenses de réparation.
Il en est ainsi de notre proposition de modulation des cotisations sociales dues par les employeurs. Une entreprise qui consacre une partie de la richesse produite à l’amélioration de sa masse salariale, en emplois et en salaires, réglera des cotisations inférieures à celle qui aura préféré investir ses bénéfices sur les marchés financiers.
Développer l’emploi, valoriser le travail grâce aux 32 heures, c’est aussi et de la même façon, apporter des ressources supplémentaires au financement des retraites.
La qualité de vie à la retraite dépend étroitement de la qualité de la vie au travail. Toutes les statistiques le montrent : les salariés, selon leurs conditions de travail et leurs niveaux de salaires, ne sont pas égaux devant la retraite. L’espérance de vie en bonne santé après 65 ans est plus importante pour un cadre que pour un ouvrier. Ce principe de la double peine est très bien documenté par les démographes : plus d’années d’incapacité pour une vie plus courte.
Toute amélioration des conditions de vie au travail se traduit par une amélioration de la vie en retraite. Et la durée hebdomadaire de travail, si elle ne constitue pas le seul critère, reste un élément essentiel.
Il y a donc, avec la perspective des 32 heures, plusieurs éléments fondamentaux et objectifs de solidarité entre actifs – donc futurs retraités – et retraités.
32 heures, c’est davantage d’emplois et davantage de financements des retraites. C’est porter l’exigence du travailler autrement pour une espérance de meilleures conditions de vie à la retraite.
La réduction du temps de travail doit également s’appliquer à la durée de carrière requise pour une retraite complète.